Jean-Marie Straub et Danièle Huillet

Les cinéastes Danièle Huillet et Jean-Marie Straub déploient depuis 1962 une oeuvre dont la réputation (austérité, rigueur, statisme) a pu masquer quelque peu la réalité (délicatesse, douceur, violence, vitesse). Une part de son impact tient à ce qu’elle s’est construite sur le principe d’une recherche d’objectivité radicale. Cette thématique transparaît dans certains courants souterrains de l’art et de la pensée de la modernité depuis au moins Flaubert, par exemple chez Walter Benjamin et Theodor W Adorno, et plus spécifiquement dans un mouvement resté longtemps négligé de la poésie américaine moderne : le mouvement  » objectiviste « , composé notamment de Louis Zukofsky, George Oppen, Charles Reznikoff, et proche de W. C. Williams et Ezra Pound. L’analyse détaillée des films des cinéastes, des oeuvres qu’ils ont adaptées (Schoenberg, Kafka, Corneille, Mallarmé, Hôlderlin, Cézanne, Vittorini, etc.), et des poèmes et essais objectivistes menée dans cet ouvrage permet de repérer, par-delà la différence des arts, des procédures communes, et de dégager une esthétique singulière, où l’oeuvre est conçue comme un objet, l’artiste comme un artisan idéalement anonyme, et où tentent de se concilier d’une manière inouïe prégnance du politique et recherches formelles.

Un livre de Benoît Turkety. Paru aux éditions « L’Age d’Homme »en Aout 2009 . 578 pages.

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